La voie des Ombres (3)

La mère d'Eryndel découvrait les spires de ténèbres avec effroi. Kael n'avait pas pris la précaution de lui expliquer quel était le rôle de ces étranges créatures albinos qui peuplaient cette dimension parallèle à l'Imagination classique. Les créatures attirées par sa blessure à la cuisse, venaient lécher l'ectoplasme de vitalité qui s'en échappait, le digérait et rejetaient de beaux cristaux améthystes diffusant une lumière sans chaleur se reflétant à l'infini issue d'une origine inconnue. La faëlle tirée par le col tentait désespérément de chasser ces animaux monstrueux dévoreur de vie. Kael n'avait que faire de la peur panique de sa victime jetée dans son univers de noirceur impalpable. Elle planait à toute vitesse vers la côté, qu'elle ne tarda pas à atteindre en jaillissant de la lisière de la forêt de Barail comme un chuchoteur sortant de nul part :

« Au secours ! Aide moi il vont me dévorer ! »

La rouquine se débattait avec la force du désespoir impulsée par la crainte d'une mort affreuse perdue au cœur de ce monde abject. Le remue ménage qu'elle produisait fini par fatiguer l'assassine qui se permis une pause sur ka plage avant de traverser l'immensité bleue. La réalité cauchemardesque emplit de démons volants à la peau blanche, inexorablement attirés par sa vie chaleureuse à leurs babines froides, s'évanouit subitement :

« Quoi ?! Qu'est-ce que t'as a gesticuler comme ça ? Aboya la belle Dame Blanche.

Le regard ahuris, les yeux révulsés au bord de la folie, la pauvre femme aux oreilles pointus sanglota sans le vouloir. C'était l'horreur, au prise avec une femme qu'elle avait crue bonne et qui finalement l'avait trahie allant jusqu'à la manipuler au point de la faire douter des intentions de sa propre fille. En espace d'une journée, elle avait tout perdu, elle ne contrôlait plus rien, sa vie ne lui appartenait même plus. Kidnappée à son village, sans l'espoir d'être retrouvée, elle craqua réalisant qu'elle finirait ses jours en esclave, livrée comme marchandise aux pirates alines :

« Merwyn aidez moi je vous en supplie...
- Tu t'en remets à des chimères maintenant ? Kael ricanait de ce rire sadique qu'elle réservait pour des occasions de pure cruauté comme celle-ci. »

Elle attrapa le poignard toujours planté dans la jambe et le tira violemment de son fourreau de chair. Une gerbe de sang accompagna douloureusement la lame serpentine. La faëlle au cheveux cuivrés se roula sur le sable, hurlant toute sa souffrance à plein poumons. Le cri fendit la tranquillité instaurée par la nuit, seul un silence de plomb répondit à son appel pitoyable. Kael s'agenouilla, souleva la tête éploré de sa victime et la posa sur ses cuisses. Les spires de ténèbres réapparurent, un Témoin affamé, inconscient du piège que la Nécrark lui tendait approcha ses mandibules avides de sa nourriture si particulière. La faëlle n'avait même plus le courage de résister, elle fixait horrifiée la créature blanche, puis Kael l'attrapa fermement par la peau du dos :

« Ouvre la bouche.
- Non je vous en prie... Je ne bougerai plus c'est prom...
- OUVRE ! »

Son chagrin explosa, elle avait mal, elle avait peur, et pourtant elle obéit. Kael éventra aussitôt le Témoin et laissa couler le liquide immaculé de la créature agonisante. Le jus coula dans la gorge de la faëlle. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'elle sentit le délicieux goût sucré exciter son sens gustatif. La vie coulait dans son ventre, une démangeaison à la cuisse, la plaie avait disparue et de surcroit une formidable forme envahissait tout son être. Traumatisée par ce déluge de sensations, elle restait là couchée sur le sable, les yeux grands ouverts. Choquée au plus profond de son âme, elle mourrait psychologiquement... Pour survivre à son traumatisme. La Nécrark la tira par le bras elle se leva et traversèrent ensemble le Grand Océan du Sud sans prononcer un seul mot.

Ils flottaient, portés par un vent aussi puissant qu'une tornade, mais asservit à la volonté du dessinateur. Tirant profit de sa vitesse, il se laissait emporter avec Eryndel au travers de la grande forêt de Baraïl, entouré par les arbres défilant à une vitesse ahurissante, dans un bruissement de feuilles et de branches, que la force des bourrasques, brisaient et balayaient sur leur passage. Esquivant les plus gros chênes, au plus petit bouleau, Cuian contrôlait leur course folle depuis les Spires, où il dessinait étudiait et dessinait leur chemin, veillant de temps en temps à ce que sa passagère ne tombe pas hors de son emprise, sans quoi elle encourerait une mort violente et brutale. L'ayant empêché de sombrer dans l'horreur, il devait à la Faëlle une reconnaissance éternelle; et pour cela, il tirerait puiserait au plus profond de lui-même l'énergie necessaire pour retrouver la mère de son amie.
S'extirpant alors de l'ombre de la mystérieuse et profonde forêt, ils eurent le temps d'observer pendant un instant le temps d'aprécier la vision des Grandes plaines sous le clarté étoilé, que le dessin s'estompa, pour reprendre brusquement, mais les emportant cette fois vers le sud.

- Wow ! Tu aurais dû prévenir, j'ai bien crue que l'on allait s'écraser, haleta la Faëlle.
- Lorsque nous atteindrons la plage, répondit simplement Cuian comme si elle n'avait rien dit. Je ferais une pause; le plus long du voyage reste à venir, et il est d'environ 250 km(info tiré d'une carte de l'empire)

La sueur ruisselait sur son front, et il sentait la torpeur l'envahir malgré l'aide de ses sphères graphe. Et il était clair qu'il ne pourrait parcourir une tel distance d'une traite. Mais en réalité, il comptait sur la présence d'îlot perdu et des bateaux marchands ou pirate, friand en cette saison pour faire une pause de temps en temps. Sans ça il serait clair qu'atteindre les Archipels rapidement serait impossible. Mais une dernière question subsistait: comment retrouveraient-ils la trace de Kaël et de la mère d'Eryndel ? Cette femme assoiffé de sang avait le don de s'évanourir dans la nature...

A l'horizon, une masse sombre et noir se profilait. La mer ! Mais c'est alors qu'il songeait à attérir bientôt, qu'une douleur subite et violente le saisit au flant droit. Le vent s'échappa de son contrôle, manquant de les envoyer contre les rochers taillés en pointe, si par reflexe le dessinateur n'avait pas créer un second vent qui les freina, avant de les laisser retomber sur le sable doux et sec.

- Cuian ! Qu'est-ce qui ne va pas !?

Se precipitant sur le jeune homme, elle remarqua que la blessure faite durant leur affrontement s'était rouverte, et saignait abondamment.

- Hon non! Je ne comprend pas... Attend, je vais aranger ça. Je n'aurais pas du planter la dague aussi fort.

Mais la véritable cause semblait être ailleurs. Une sensation glaciale lui parcourait le corps, plus particulièrement au niveau de la blessure, alors que des frissons lui traversaient l'échine. Que se passait-il ? C'est alors qu'il en prit concience:
Les Spires des ténèbres. Elles étaient là, il les ressentait, comme il ressentait l'Imagination. Leurs entrés lui étaient interdites, mais il sentait la trace d'un dessin. Un dessin particulier et propre au combatant Necrark:
Le pas de côté dans les ombres, comme il le surnommait vulgairement.
Instinctivement, il se releva, et sans écouter les protestations de son amie, il commença à marcher lentement sur la plage, titubant sous le poids de sa douleur. Fouillant alors parmis les galets, il trouva ce qu'il cherchait. Approchant sa main vers le sol, un cadavre de témoin apparut devant ses yeux, ruisselant encore de son liquide vitale. Se souvenant des petites conversations qu'il avait eu avec Kael quand il était "transformé", il approcha ses lèvres de la plaie béante, et bue le liquide dorée de tout son saoul.
Une nouvelle vigueure le parcourut, alors que sa blessure se refermait.
Stupéfaite de ce spectacle, Eryndel ne pouvait cependant voir les choses provenant des Spires des ténèbres.

- Je te raconterais plus tard ce qui c'est passé. L'important, c'est que nous pouvons repartir sur le champ.
- Hein ? Mais... tu es sur?
- Sur et certain. Mais ne perdons pas de temps en explications. Allons-y.

Cuian n'osait pas le dire à la Faëlle, mais la raison de son empressement était que parsemant les galets et le sable dans une longue gerbe, se trouvait le sang de la mère d'Eryndel.

[Cuian... relis mes posts, c'est au flanc que tu es blessé pas au genou]

[ra... j'aurais pas du discuter de genoux avec Kael TT.TT.. désolé j'édit sa tout de suite]

[Merci ! ]

Le vent dessiné par Cuian était presque palpable, et malgré sa vitesse folle, malgré les troncs d'arbres et les branches que le dessinateur évitait habilement, Eryndel se sentait en sécurité. Elle se laissa même griser par cette sensation unique : voler... Mais tout à coup le tourbillon qui les portait s'évanouit, et la Faëlle, se sentant chuter, prêta peu d'attention au paysage magnifique qui se rapprochait d'eux à toute allure ; en d'autres occasions, pourtant, son coeur de Marchombre aurait apprécié la vision des Grandes Plaines, espace sauvage et magnifique, sous le ciel de satin noir piqueté d'étoiles scintillante. Elle aurait marché dans l'herbe qui s'étendait à perte de vue, en silence, le regard levé vers la voûte céleste à la profondeur infinie, et quelque poème marchombre lui chantant ses vers à l'esprit.
Seulement, elle tombait, si bien qu'elle goûta peu le spectacle qui s'offrait à leurs yeux.

Brusquement, elle se sentit de nouveau soulevée par les bras invisibles du vent.

"Wow ! Tu aurais dû prévenir, j'ai bien cru que l'on allait s'écraser !" Le souffle court, Eryndel parvint à grand-peine à parler. Cuian, sans se démonter, dit alors :
"Lorsque nous atteindrons la plage, je ferai une pause; le plus long du voyage reste à venir, et il est d'environ 250 km."

Pourquoi ne réagissait-il pas à ce qu'elle avait dit ? Aucune excuse de la part du dessinateur pour l'avoir effrayée, aucun signe montrant s'il avait entendu ou non la jeune femme. Un bref instant, elle voulut s'indigner, lui dire sa façon de penser, mais presque aussitôt, elle entrevit la sueur qui brillait sur son front à la lueur des constellations. Elle se ravisa donc : le vent qu'il dessinait nécessitait son entière concentration, elle ne pouvait pas se permettre de le distraire !
La faëlle commençait à s'accoutumer à ce voyage extraordinaire. Petit à petit, elle oublia qu'elle était entre ciel et terre, et ses pensées se tournèrent vers sa mère. Elle se sentait responsable de l'état de celle-ci et de son enlèvement : après tout, si elle avait pris plus de soin du médaillon qui lui permettait de contrôler la Nécrark, tout ceci ne serait pas advenu. Mieux, si ses ordres n'avaient présenté nulle faille, et si elle s'était montrée davantage sur ses gardes, Cuian n'aurait pas été changé en Nécrark, si bien que le voyage vers les terres de son peuple n'aurait pas eu lieu. Elle chassa ses conjectures, agacée : ce n'était pas avec des si qu'elle remédierait à la situation présente ! Malgré tout...

Soudain, une embardée manqua les écraser sur des rochers aux arêtes aigües. A la dernière seconde, alors qu'Eryndel fermait les yeux par réflexe, leur course fut freinée. Ils atterrirent sur un sol sablonneux.
Constatant que Cuian semblait souffrir, elle fit taire les récriminations qui lui venaient à l'esprit et se précipita à son côté.

"Cuian ! qu'est-ce qui ne va pas ? interrogea-t-elle avec sollicitude.
Elle vit alors filtrer, d'entre les doigts de Cuian, crispés sur son flanc, un liquide sombre et poisseux. Elle jura intérieurement : comment était-ce possible ?

- Ho non ! Je ne comprends pas... Attends, je vais arranger ça. Je n'aurais pas dû planter la dague aussi fort.

Elle voulut écarter la main de Cuian afin d'éponger le sang et de panser la plaie, mais d'un geste, il l'arrêta avant de se relever.

- Cuian... Ce n'est pas le moment de courir en tous sens ! Tu n'es pas en état, imbécile d'Aline... Ta témérité te coûtera la vie, un des ces jours. Oh, tu m'écoutes ?

Non, il ne l'écoutait pas. Il marchait, crispé et courbé sur sa blessure , se baissant parfois pour fouailler le sol. Il parvint sur une portion de la plage où les galets remplaçaient le sable ; phénomène étrange, certes, mais tout à fait naturel, étant donné qu'une falaise érodée se dressait à cet endroit, masse noire sur le ciel sombre. De nouveau, il se baissa, faisant claquer les cailloux lisses les uns contre les autres tandis qu'il les dérangeait de la main. Au fur et à mesure qu'il les écartait, quelque chose apparaissait.
*Un cadavre ?On dirait une de ces créatures cauchemardesques qui habitent la forteresse necrark... Mais que fait cette chose ici ?*
Elle cligna des yeux, regarda de nouveau : rien... aurait-elle donc rêvé ? Mais alors, Cuian fit un geste qui la stupéfia : il fit mine de ramasser quelque chose et de le porter à sa bouche, puis ellele vit boire ! Boire quoi, elle n'aurait su le dire ; ce qu'il voyait lui était invisible. Mal à l'aise, elle constata que plus il buvait, moins il semblait souffrir ; et, bientôt, elle se rendit compte que la blessure qui lacérait le flan du dessinateur avait disparu.
Lâchant la chose invisible, il se tourna vers elle, et elle lui jeta un regard interrogateur.

"Je te raconterai plus tard ce qui c'est passé. L'important, c'est que nous pouvons repartir sur le champ.
- Hein ? Mais... tu es sûr?
- Sûr et certain. Mais ne perdons pas de temps en explications. Allons-y."

Eryndel acquiesça, mais l'empressement soudain de son ami la prenait de court. Bah,après tout, quelle importance ? Il avait raison, en fait. Perdre du temps, c'était risquer de perdre la trace de sa mère et de Kaël.
Ils repartirent donc sur les ailes du vent. Le bruissement de la mer s'estompa tandis qu'ils prenaient de l'altitude pour franchir l'étendue d'eau agitée de vaguelettes nonchalantes.


Combien de temps la traversée dura-t-elle ? La Faëlle n'aurait su le dire, mais quant le vent ralentit, le soleil se levait et elle put apercevoir, sur l'eau scintillante, des taches sombres qui n'étaient autres que des îles. Ils atterrirent en douceur, sans incident.

"Sommes-nous donc arrivés dans l'Archipel Aline ? questionna-t-elle, curieuse, en regardant autour d'elle. Et à présent, par où allons-nous commencer nos recherches ?"

La nuit commençait à s'estomper sous les rayons inquisiteurs du soleil. À l'horizon des tâches sombres venaient égayer de reliefs, l'horizon d'une monotonie plate à en faire désespérer les marins les plus téméraires. Kael devait accélérer si elle ne voulait pas être privée des ombres et se voir rejeter des Spires de Ténèbres. La vitesse qu'elle atteignait devenait intolérable pour la faëlle qui sentait une terrible pression sur son corps. Elle essaya de crier, pas moyen d'ouvrir la mâchoire, la rapidité s'accentua encore, elle était à la limite de lâcher ses efforts, son épaule la faisait souffrir. Elle hurla avec la force du désespoir, aucun son ne sortit de sa gorge... Puis tout cessa. Le soleil avait immergé de l'océan répandant sa chaleur désagréable sur le monde, privant Kael de son moyen de locomotion alors qu'elle était à pleine vitesse.

Thorun Maliev, s'était accordé une pause, il avait fauché toute la soirée pour être à jour sur ses livraisons de blé. Il réfléchissait en regardant l'étendue bleuté qui se perdait à l'infini devant lui. C'était une habitude qu'il avait prit il y a des années de ça... Oui des années, il était vieux à présent et ne pouvait plus se risquait à transporter lui même son blé fauché sur les routes de l'Archipels Alines. Sans escorte il ne serait pas arrivé en ville que les bandits l'auraient détroussé de tout son bien. Et par la mer c'était hors de question, avec les pirates ça reviendrait au même en deux fois moins de temps... Mais il serait de retour chez lui plus vite... Non, c'était stupide comme logique. Des cris aigües, autant que son audition décroissante lui permis d'entendre, le firent sursauter. Deux dames oiselles venaient de surgir des cieux à toute allure et vinrent s'écraser pile dans le gros tas de foin qu'il faisait sécher pour ses bestiaux :

« Cré vin diou ! Zabeth ! Zabeth !
- Quoi qu'est-ce qui a encore ?! Tu veux pas me laisser finir de recoudre tes chaussettes ou quoi ?!
- Viens j'te dis, y a deux donzelles qui viennent d'atterrir dans le foin !
- Qu'est-ce que tu me raconte là encore une foé ! T'as pas bientôt fini avec tes histoires ?! J't'ai déjà dit d'arrêter la bouteille quand tu travailles !
- Non du diou mais tu vas v'nir oui ! »
Zabeth sortit de la masure qui leur servait d'habitat et éclata de rire quand elle vit Thorun à bout de souffle courir cinq mètres aussi vite qu'un escargot recourbé sur sa canne.
- Allez papy ! Tu vas y arriver !
- Mais t'as pas bientôt fini de m'embêter ! Allez viens !
Elle regarda le monticule de foin et réalisa que son mari, aussi malvoyant soit-il n'avait pas tord. Le tas était par terre, quelque chose avait effectivement tapé dedans.

A proximité ils aperçurent des bras et des jambes, ils dégagèrent les ensevelis. Deux femmes assommées, sans blessure apparente, l'une aux oreilles pointues, l'autre à la peau aussi blanche que la lune.
- Mince alors, t'as pas la berlue papy.
- Bah tu vois que j'avais raison. Je vais chercher la brouette on va les rentrer à la maison et les poser sur un lit. »

C'était l'aube d'une journée nouvelle, lorsque la Faëlle et le jeune homme attérirent sur la plage. Après une nuit à chevaucher les vents jusqu'aux premières lueurs, Cuian se sentait engourdit dans tout ses membres, mais loin de lui était l'idée de se reposer. Comme quoi verser le sang d'un Témoin à plusieurs avantages; en part d'être un excelent remède contre les blessure physiques.
Les ombres élancées des palmiers s'étendaient à ses pieds, et ce fait lui rappela que les rayons de soleil étaient particulièrement ardent aux Archipels, ce que la végétation luxuriante et les arbres nombreux et diverses arbres fruitiers ne manquaient pas de prouver. Alors qu'il entammait quelques flexions pour se dégourdir, une lueur brilla de curiosité dans le regard d'Eryndel, comme à chaque fois qu'une question, aussi innocente soit-elle allait être posé:

- Sommes-nous donc arrivés dans l'Archipel Aline ? questionna-t-elle, jettant un regard au nouveau monde qui l'entourait. Et à présent, par où allons-nous commencer nos recherches ?

S'interrompant dans ses exercices, Cuian désigna alors du doigt une falaise abrupte, qui formait un pic tourné l'occident.

- Nous sommes actuellement sur les îlots entourant la pointe nord de la plus grande des îles. En descendant vers le sud, il y'a quelques petites forêt, puis les grands champs aux cultures diverses, et sur la côté du sud-est, il y'a une des plus grandes agglomération de pirates, voleurs, marchands, et escogriffes en tout genre. La vente d'esclave y est très courante, provenant pour la plupart du temps des anciennes rafles sur le continent, ou de village perdue sur les îles...
- C'est... c'est donc là qu'elle sera vendue ?

Entendre parler d'un tel endroit peu acceuillant, elle ne semblait que plus inquiete sur le sort de sa mère.

- Très probablement, oui. Mais nous pouvons encore empêcher cela.
- Mais comment retrouver Kael ? Selon les cartes et tes dires, c'est un territoire bien vaste qu'il faut parcourir.
- Oui, mais il y'a un détail. Il semblerait que je sois à nouveau capable de ressentir les Spires des ténèbres, comme si j'étais un Necrark.
- Mais alors ! Sa veut dire que ...
- ... Oui ! Je peux sentir le dessin de Kael, et j'ai pus suivre sa trajectoire pendant tout la durée de la traversé. Mais son dessin s'est évanouis aux premières lueurs de l'aube, comme il fallait s'y attendre. Mais je peux te dire exactement où elle était en se matérialisant, et selon mes estimations, elles sont quelques parts dans les champs.
Alors si on retrouve leurs points d'attérissage, l'on peut les retrouver par leurs traces.

Un grand silence s'installa, que seul la marée montante se brisant contre la côte venait troubler.L'espoir semblait grandir dans le coeur de la Faëlle, à chaque moment, alors qu'ils se rapprochaient un peu plus de leurs buts.

On se rapprochait du but... Eryndel, tout en ressentant de l'inquiétude pour sa mère, reprenait enfin contenance tandis que l'espoir l'envahissait. Bientôt, Cuian et elle rattraperaient Kaël, et la Faëlle humilierait la Nécrark comme cette dernière l'avait humiliée ; elle lui rendrait torture pour torture, coup pour coup... et elle ne la tuerait pas, oh non ! elle la laisserait vivre, non sans avoir tout fait pour lui ôter l'envie de se frotter à elle...
Après l'espoir vint l'impatience : rongeant son frein, elle regarda Cuian s'entraîner le temps d'une minute, puis lança :
"Tu as fini, ça y est ? Nous pouvons repartir ?"

Cuian fronça le sourcil, mais il ne répondit pas, et interrompit pour de bon ses assouplissements.

"Bon, allons-y," décréta-t-il, cédant à l'impatience palpable de la jeune femme.
Celle-ci lui adressa alors un sourire éblouissant - le premier qu'elle eût la force d'esquisser depuis des lustres - et le dessinateur put lire dans ses yeux de jade à quel point ele lui était reconnaissante de l'aider. Cuian, pensait-elle tandis qu'ils se mettaient en route, était un véritable ami. Si, après avoir libéré sa mère, elle croisait de nouveau sa route , et qu'il se trouvait en difficulté, elle l'aiderait de son mieux. Il ne pouvait en être autrement. Non qu'elle se sentît obligée de lui rendre la pareille, non : une marchombre était libre d'agir à sa guise ; seulement, cela lui ferait plaisir, à elle.

Perdue dans ses réflexions, elle prêtait peu attention, encore une fois, à ce qui l'entourait. Aussi elle n'aurait su déterminer combien de temps s'était écoulé entre leur reprise du trajet et le moment où Cuian fit halte à nouveau, tirant Eryndel de ses pensées.
Regardant autour d'elle, elle s'aperçut qu'ils étaient en plein champ. Au loin, on pouvait distinguer une ferme.

"Je suppose que c'est là-bas que nous commençons notre enquête ?" fit-elle en scrutant le bâtiment lointain.

Avec un peu de chance, ils n'auraient pas à chercher plus loin. En tout cas, elle l'espérait de tout coeur.

Un rayon de soleil présomptueux vint s'immiscer à travers l'interstice des voler en bois et réchauffer le visage neigeux de la Dame Blanche. La chaleur brûlant son épiderme de créature des ténèbres l'éveilla désagréablement. Elle immergea de son sommeil, pour une fois qu'elle dormait... Elle dormait ?! Kael se réveilla en sursaut, elle ne devait pas dormir, où était la faëlle ? Que s'était-il passé ? Le soleil s'était levé et la dernière image qu'elle avait en mémoire était une meule de foin. Elle était dans une chambre, il y a avait deux lits dont un défait, une seconde personne y avait dormi. Kael bondit de sa couchette. Si la mère d'Eryndel s'était enfuie elle perdait son moyen de pression sur le couple lancée à sa poursuite, ainsi que sa marchandise de bienvenue auprès des pirates alines. Et elle n'avait aucune envie de devenir cette marchandise. Elle dévala l'escalier du premier étage et arriva comme une furie dans la cuisine qui servait également de salle à manger. Deux paysans à l'âge vénérable l'a regardaient éberlués, à côté d'eux, la rouquine aux oreilles pointues mangeait un morceau de pain aux herbes :

« Eh bé ! Vous êtes sacrément énergique ma p'tite dame.
- Je... Euh... Que..., bredouilla-t-elle maladroitement surprise de l'ambiance apaisante qu'elle venait d'interrompre.
- Maus tu vas la laisser tranquille la p'tite dame ? Rétorqua la grand-mère à l'attention de son époux. S'il m'avait parlé sur ce ton làl'premier jour pour sûr que j's'rai partie avec Thanis. La fermière prit la main d'une Nécrark éberluée.
- Vin de dious t'as les menottes toute fraîche ma biquette. Allez assis toi dont.
- Thanis ? Demanda son mari.
- Oui !
- Thanis jambe de bois ?
- Exactement.
- Thanis jambe de bois l'édenté ?
- Ah bon ? Il avait déjà plus d'dent à c't'âge là ? C'est pour ça qu'il parlait pas ? J'avais t'jours cru qu'il était timide tiens.
Ne prêtant aucune attention à la discussion, la Dame Blanche regardait la faëlle d'un air interloqué... Pourquoi l'avait-elle attendu, sans essayer de fuir, de prévenir les propriétaires de sa condition d'otage ?
- Alors mes p'tites dames comment que ça se fait que vous voliez dans les airs ?
La Nécrark resta bouche bée, sidérée par la tournure que prenait les évènements.
- Mon guide nous a fait faire un pas sur le côté, mais Kael n'est pas très douée en Dessin et on a bien failli s'écraser par terre si vous n'aviez pas passé la nuit à récolter vote blé. L'assassine prit une profonde inspiration et retrouva un semblant d'humanité.
- Oui... Je débute...
- Bah c'est pas bien grave ma biquette. Nous aut' de l'Archipel on est pas bien doué pour ces subtilités là non plus tu sais.
Un vague sourire de circonstance illumina son visage immaculé.
- T'es drôlement pâlotte gamine, j'vais t'installer une chaise dans le jardin. Une après-midi au grand air des îles et t'vas r'trouver des couleurs.
- On ne va pas rester ! Lança-t-elle séchement jetant un froid.
- Excusez la, nous devons apporter un message en ville de la part du chef de mon peuple.
- Oh la vin diou je vois, je vois. Euh l'temps n'est pas à la sieste alors. Et bien terminons not'soupe pi j'vous emménerez en ville. J'ai vu vos couteaux, eud'beaux objets qu'vous avez là. Vous d'vez savoir vous bat'et moi j'ai b'soin de guerriers pour livrer ma cargaison de blé en ville.
- C'est parfait ! N'est-ce pas Kael ?
La femme à la chevelure cuivrée souriait, elle paraissait tellement loin de son enlèvement et des maltraitances que Kael lui avait infligé la nuit dernière.
- Génial...
- Alors ma biquette vous n'buvez po vot'soupe ?
- Non je suis allergique aux... Carottes... J'ai déjà mangé.
- Oh vous savez, les hommes d'ici y z'aiment pas trop les maigrichonnes.
- Quel dommage...
Une lueur sadique brilla dans les yeux vitreux de l'hôte du Nezerath. Ses nerfs commençaient à être excités et le repas s'acheva dans le silence.

Thorun entra dans la grange pour sortir son chariot. Kael dégaina une dague serpentine de son fourreau et l'a pressa sous le menton de la mère d'Eryndel. Celle-ci tressaillit à peine.
- Pourquoi ? Pourquoi ne pas t'être enfuie ? Pourquoi ne pas m'avoir tué dans mon sommeil ? Pourquoi m'avoir couvert auprès de ces gens là malgré ce que je t'ai fait subir ?
- Partir ? Et pour aller où ? Cette île grouille de truands en tout genre. Comment ma fille me retrouverait-elle si je disparaissais dans la nature ? ET si je ne t'ai pas tué de mes propres mains, c'est parce que je me sens redevable.
- Redevable ?
- D'avoir construit ma maison au sommet de l'arbre centenaire. J'ignore qu'elles étaient tes motivations et ne veux pas les connaître. Désormais nous sommes quittes. Si tu fermes les yeux encore une fois je ne t'épargnerai pas.
- Telle mère, telle fille...
Les portes de la grande s'ouvrirent, la Nécrark rengaina sa lame et Thorun sortit, son véhicule attelé à deux canassons.
- Alors on est partit ?
Avec plaisir ! Répondirent-elles en coeur, le sourire aux lèvres.

Une odeur douce et agréable se glissa dans les narines de Cuian. Combien de fois avait-il humé cette odeur si particulière qui caractérisait le blé Aline ? Résultant du mélange de diverse épis, il avait acqui un gout sucré et naturel, qui faisait le bonheur des boulangers et des paysans lorsque ceux-ci préparaient du pain et des brioches. L'image de sa mère affairée aux fourneaux, maniant la pâte avec dexterité, qu'elle faisait ensuite cuir à feux doux, sepoudrant les galettes de poudre vanillée. Le résultat était exqui, consistant, et des plus agréable alors que le petit Cuian, agé de 8 ans tout au plus, et son père, revenaient des champs de blé, et rentrait dans la cuisine après avoir ranger le fruit d'une journée de labeur dans la grange.
Le petit garçon était tout fier de raconter à sa maman ses actes accomplis, alors que celle-ci le récompensait par une grosse assiette de fine galette, recouvertes chacune de miel, confiture, et autre tartinade des plus douces.

Mais ce temps là est révolue, et les Aifoals sont morts maintenant...

Le regard perdu dans les étendues d'or, il repensait avec nostalgie à tout ces moments perdu qui lui avait fait couler toute les larmes de son corps. Son coeurs se resséra, en repansant à la demeure de son enfance qu'il savait à quelques heures de marche d'ici. S'extirpant alors de cette profusion de souvenir qui jaillissait douloureusement dans sa mémoire, il reporta son attention sur la maison face à eux, et dessina une brise, qui pénétra dans la batisse, lui transmettant une vue incolore de ce qu'elle contenait. Mais à sa grande surprise, elle était vide; personne, et aucune trace de cadavre éventuelle.
Il sortie alors de l'Imagination, et se tourna vers Eryndel qui observait un amas de paille en boule, qui semblait avoir été écrasé sous un poids tombé du ciel. Elle en retira alors quelques cheveux roux, et de longs cheveux blanc comme la neige.

- Oui... elles doivent ont du surement passer par ici. Par contre, j'ai un service à te demander. La ferme ici est vide, si j'en crois mes dessins, mais il faudrait l'inspecter pour retrouver d'éventuelles indices sur leur passage dans ces lieux. Tu pourrais t'en occuper ? Je ne chasse pas aussi bien que toi, et je n'ai pas reçu de formation marchombre. Alors question traque.. je suis bien en dessous de ton niveau.

Sans trop s'occuper de la réaction de la Faëlle, Cuian entra alors dans la salle à manger, décorer sobrement, quelques décorations, mais dont l'élément frappant était une table garnie de victuaille. Il s'en détourna, ne voulant pas toucher à la nourriture d'honnête paysan, et se retrouva alors nez à nez avec un calendrier, fabriqué de fine planche de bois, sur lesquelles étaient gravé les dates, ainsi que les principales fêtes.
Le ou la propriétaire barrait jour après jour les cases d'une petite croix, ce qui permit au dessinateur de constater quelle jour ils étaient.

- Déjà, murmura-t'il. Sa va donc faire sept ans.

Oui sept ans. Car dans cinq jours, ce sera ce vingt deuxième anniversaires.

- Oui... elles ont dû sûrement passer par ici. Par contre, j'ai un service à te demander. La ferme ici est vide, si j'en crois mes dessins, mais il faudrait l'inspecter pour retrouver d'éventuelles indices sur leur passage dans ces lieux. Tu pourrais t'en occuper ? Je ne chasse pas aussi bien que toi, et je n'ai pas reçu de formation marchombre. Alors question traque... je suis bien en dessous de ton niveau.


Sans attendre de réponse, Cuian s'éloigna et entra dans la ferme. Depuis qu'il étaient là, Eryndel avait remarqué que son regard se faisait lointain, que l'objet de leur périple était passé au second plan de son esprit. Elle haussa les épaules. Il était de retour dans son île natale, cela devait faire ressurgir en lui de nombreux souvenirs... Elle décida de respecter son désir de solitude, et se mit au travail.

Elle avait déjà repéré, en arrivant, la meule de foin dérangée et les cheveux qui s'y trouvaient. En scrutant le sol, elle remarqua des traces de pas dans la terre. Deux personnes étaient arrivées vers la meule, puis les empreintes repartaient, enfoncées profondément dans le sol meuble ; les auteurs de ces traces étaient chargés quand ils s'étaient éloignés du tas de foin désordonné.
En les suivant, la Faëlle arriva sur le seuil de la ferme. Elle entra donc, et regarda autour d'elle : une table chargée de victuailles, quatre couverts ; les assiettes avaient servi récemment ; trois portes, l'une, ouverte, laissant entrevoir la cuisine. L'ignorant, la marchombre se dirigea vers les deux autres, et découvrit qu'elles donnaient sur deux chambres, l'une meublée d'un grand lit, l'autre de deux petits qui avaient servi récemment. Un fin cheveu cuivré, comme ceux qu'elle avait trouvé dans le foin, demeurait sur l'un des oreillers.

"Elles ont donc dormi ici..."murmura la jeune rouquine, sourcil froncé."Mais... quelque chose me dérange..."
Oui, quelque chose la gênait dans tout cela : nulle part il n'y avait trace de lutte ou de tuerie, à croire que Kael avait été capable de contenir les instincts sanguinaires du Nezerath et que la mère d'Eryndel n'avait pas cherché à fuir. Et pourquoi tout était-il silencieux à ce point ? Où étaient les paysans qui vivaient sous ce toit ?
La chambrette ne contenant nul autre indice, la marchombre ressortit. Elle nota au passage que Cuian était toujours en arrêt devant le calendrier. Bon... inutile de le déranger tant qu'elle ne saurait par où les deux femmes étaient parties.

De retour à l'extérieur, elle avisa la grange qui s'appuyait contre la maison. Rien ne devait être négligé. Il fallait y jeter un coup d'oeil. La jeune femme s'épongea le front - quelle chaleur, vraiment ! Kael devait souffrir, tant mieux - et s'y rendit tout en scrutant le sol avec attention : il semblait qu'un chariot y était entré, ou sorti, car la terre, fraîchement retournée, était balafrée de deux sillons parallèles...
La grange était vide. Les deux femmes étaient donc parties en chariot, peut-être conduite par leurs hôtes dont il n'y avait trace nulle part. Bon, suivre les traces laissées par le véhicule ne serait pas bien compliqué... Il ne restait plus qu'à rendre compte au dessinateur de tout ceci.
Nouvelle sortie sous le soleil pesant, nouveau retour à l'ombre fraîche et paisible du salon où son ami se laissait entraîner par les souvenirs.
"Cuian ? Elles sont parties en chariot. Avec les fermiers, probablement. En suivant les traces, nous pourrions les rattraper... DIs, tu m'écoutes ?"

Thorun et Zabeth assis à l'avant du chariot, perpétuait cette affectueuse dispute pleine de moqueries sans méchanceté. Kael et la faëlle se tenait à l'arrière. Laissant leus jambes balloter au dessus de la route. Elles transpiraient abondamment sous la chaleur écrasante, mais surtout parce qu'ells avaient dû charger les cinquante sacs de grains.
- On est trop vieux pour ça, avait-il dit jusqu'à ce qu'il explique le fonctionnement de la petite grue à poulies dans la grange pour charger le dernier sac. Kael fut à deux doigts de l'égroger.
La Nécrark fixait d'un air étrange le route qui défilait sous ses yeux.
- Qu'y-t-il ? Questionna la mère d'Eryndel.
- Il y a des traces de fers à cheval...
- Oui et alors ?
- Alors ça tombe bien je commençait à avoir faim.
- Quel est le rapport ?
L'assassine leva des yeux las et méprisants vers son interlocutrice. Elle semblait avoir vieillit, des rides étaient apparus sur son beau visage de poupée en porcelaine. La Dame Blanche pointa du doigt les traces dans le sol. Les chevaux avaient quitté le route pour contourner les amas rocheux qui bordaient le sentier de part et d'autre. L'endroit était idéal pour...
- Une embuscade ?!
L'exclamation de la femme aux oreilles pointues interrompit le trot.
- De qwé ?! Ou ça ? Vous voulez que je fasse un arrêt du cœur à crier comme ça ?!
Kael descendit du véhicule en bois quand une dizaine de silhouettes sombres apparurent au sommet des rochers. Les bandits encerclèrent rapidement les paysans et leur précieuse cargaison. Le chef, un homme d'une trentaine d'années, mal rasé, à la tignasse ébouriffée, tenait un impressionnant sabre à lame recourbée. Avant qu'il ne prononce la traditionnelle menace de circonstance, Kael le devança.
- Vos bourses ou la vie !
Le voleur resta une paire de secondes interloqué, puis réalisant l'incongruité de la situation éclata d'un rire guttural, imité à l'unisson par sa troupe.
- Et tu vas nous faire quoi mamie avec tes cure-dents ?
Mamie ? Oui c'était bien le cas, Kael vieillissait à vue d'oeil.
- Je vais tuer tes hommes, t'égorger en dernier et absorber ton dernier souffle de vie. Le porgramme te plaît clochard impoli ?
Le qualificatif final lui tira une grimace haineuse.
- Vélan ! Occupe toi de toi de la grand mère !
Un grand baraqué s'avançait, il dépassait Kael d'une vingtaine de centimètres et grogna en montrant les dents pour accentuer ses allures barbares.
- Oh le vilain chien chien à son maîmaître, railla-t-elle.
Il était temps pour Nézérath de prouver son talent meurtrier. Il exécuta un coup de pied latéral qui vint frapper directement au cou de son adversaire, hélas son geste resta à mi parcours, le géant tenait fermement sa cheville. La jambe presque à la verticale, Kael souriait.
- Crétin...
De cette appuie improvisé elle bascula à l'horizontal et planta son talon aiguille entre les deux yeux du guerrier, achevant son acrobatie par une roue arrière en réceptionnant sur les mains. Vélan s'effondra comme une masse, une gerbe de sang jaillissait de son front.
- TUER LA !!!
Les huit truands se jetèrent sur l'assassine qui exécuta une danse mortelle et sanglante. Éventrant de ses dagues, fracassant les crânes sur les ferronneries des roues du chariot et étranglant de ses mains le dernier assez fou pour la défier. Quand elle en eut enfin fini, elle reporta son attention sur le chef fin prête à tenir sa promesse macabre. Des gémissements effrayés attirèrent son attention. Le coupe-gorge tenait la faëlle sous la menace de sa lame, à l'ombre d'un rocher. Voyant que ses hommes n'auraient pas le dessus, il ne lui restait plus que cette possibilité pour s'en sortir.
- Celle là elle est à moi ! Lui lança-t-elle.
- Si tu bouges je la tue !
- Très bien nous allons reculer jusqu'à l'ombre de ces pierres là et tu pourras prendre le chariot
- Mais... Voulut protester Thorun, n'osant poursuivre lorsque que Kael posa sa main glacée sur son épaule.
À peine fut-elle à l'abris des ombres qu'elle disparut dans les spires des ténèbres.
- Elle est où ?!
- Juste derrière toi, chuchota-t-elle à son oreille.
Il sentit la lame courir sur sa jugulaire et une main solide retenir sa chute. La Nécrark aspira son soupir ultime, rajeunissant subitement. Les fermiers ne remercièrent pas Kael en réalisant à quele genre de créature ils avaient à faire. Seul le silence et l'appétit rassasié furent sa récompense et elle ne voulait pas plus.

- Oui... je t'écoute...

Le mensonge intrigua Eryndel, lui tirant une moue, mais elle ne fit aucune remarque. Sortant alors de la maison, elle lui montra les deux lignes parrallèles qui traversaient le chemin, s'éloignant en direction du sud. Il n'y avait aucun doute quand au fait qu'elles avaient du embarquer dans la carriole, mais qu'était-il advenu des propriétaires ? Aucune idée, mais ils le sauraient bientôt. Les traces étaients particulierement clair sur la route, signe que le véhicule était assez chargé, et devait donc avancer lentement. Avec une bonne allure, ils devraient pouvoir les rattraper le lendemain même, avant qu'ils ne puissent parcourir la moitié du trajet qui les séparait de la ville portuaire.
Perdue une nouvelle fois dans ses pensées, Cuian ressentait une sorte d'inquiétude. Il avait la sensation que quelque chose allait se produire dans les jours à venir; il préssentait un danger. Etait-ce simplement le fruit de son imagination ? Comme si revenir aux Archipels terminait une boucle qu'il avait entrepris? Etait-ce lié au danger representé par la Necrark, dont les lèvres blanches sussuraient des paroles manipulatrice, qui pouvaient lever une armée d'hallebarde dès qu'elle brandissait une lame? Etait-ce lien au virus Necrark qui lui pourrissait le flanc, cherchant à s'emparer de son organisme ? Il ne savait pas... mais pourquoi avait donc t'il l'impression que son destin s'acheverait sur ces terres ?

La main subite de la faëlle, se dressant devant lui en signe d'arrêt le sortie de ses reflexions pré-mortuaire; et il compris vite pourquoi: une fine odeur de sang caillé flottait dans l'air, signe qu'un carnage avait eu lieu non loin d'eux. Reprenant leur course avec précaution, vérifiant d'être bel et bien seul, ils arrivèrent vite sur la scène du massacre.

- Quel horreur...

Devant eux, une dizaine de cadavre gisait au sol, la gorge ouverte, un liquide rougeâtre et poisseux s'en écoulant. A en juger par leurs armes et habits, ce devaient être de simple vagabonds qui avaient tenté de s'en prendre au convoie. Mais la manière dont ils furent liquidé indiquait clairement que Kael avait jouée des dagues, et s'étaient refait une jeunesse. Il fallait admettre qu'elle n'avait pas consommer de souffle vitale depuis un certain temps.
Mais malgré l'odeur répugnante de pourriture, et les mouches bourdonnantes, Cuian réussi à surmonter le haut-au-coeur qui lui remontait l'estomac... il avait vécu pire après tout.
S'approchant alors de celui qui semblait être le chef, le dessinateur s'accroupit, et tâta la peau de mort.

- La température du cadavre est à peine plus chaude que la température ambiante. Sa veut dire qu'ils ont à peine cinq heures d'avances maximum ! Nous les rattraperons dans la soirée, mais il va falloir se hater.
- D'accord ! Ne perdons pas de temps dans ce cas!

Ils courrurent, longtemps et à bonne allure, ne s'accordant que de brêve pause, si bien que lorsque le soir pointa timidement ses reflets sombres, le chariot apparut devant leurs yeux, les deux passagères se distingua parmis les sacs entassés de paille.
Hatez vous, vous qui recherchez celle aux cheveux de feu et sa ravisseuse, car les ombres grandissante de la nuit lui seront propices à une éventuelle fuite...

Les deux aventuriers s'étaient mis à suivre la piste, Eryndel marchant légèrement en avant de Cuian, qui semblait préoccupé par de sombres pensée.Tout à coup, une écoeurante odeur de sang vint agresser l'odorat sensible de la marchombre. D'un geste, elle arrêta le dessinateur. Celui-ci comprit le message, et ralentit le pas, calquant son avancée sur la foulée souple et silencieuse de la jeune femme aux aguets.
*Qu'as-tu encore fait faire à Kael, Nezerath ? Tu n'as pas su te contrôler, encore une fois ? Décidément, tu n'es pas plus maître de toi-même qu'un garnement capricieux...*

Mais elle avait beau s'efforcer de se moquer intérieurement, elle n'avait qu'une crainte : que sa mère fût parmi les cadavres qui dégageaient cette odeur de mort.
Aussi se détendit-elle considérablement quand ils débouchèrent sur la scène du carnage et qu'elle comprit que ses inquiétudes étaient sans fondement : il n'y avait là que des brigands dépenaillés qui s'en étaient pris à la mauvaise personne... Couverts de sang poisseux et de mouches voraces, les corps des malheureux faisaient peine à voir ; le pire restait l'odeur. La Faëlle rabattit un pan de sa cape sur son nez pour filtrer la puanteur nauséabonde que répandaient les macchabées du fait de la chaleur.
Cuian, quant à lui, s'avança sans hésiter, et tâta la peau d'un des cadavres pour estimer à quand remontait son décès.

- La température du cadavre est à peine plus chaude que la température ambiante. Sa veut dire qu'ils ont à peine cinq heures d'avances maximum ! Nous les rattraperons dans la soirée, mais il va falloir se hâter.

Cinq heures d'avance à peine ! C'était si peu, et si long tout à la fois... Le coeur battant, Eryndel lança :
- D'accord ! Ne perdons pas de temps dans ce cas!
Et sans attendre, elle se mit à courir en suivant la piste, imitée par Cuian. Le paysage défilait autour d'eux à grande allure, et le vent tiède de la course fouettait leurs visages crispés par la concentration. Enfin, la Faëlle sentit la jubilation la gagner quand un point noir parut devant eux, à une certaine distance, nettement découpé sur le ciel qui s'assombrissait. Elle accéléra encore... C'était un chariot chargé de sacs de toiles, qui cheminait paisiblement. Course effrénée du coeur plein d'espoir et de la fille cherchant à libérer sa mère... Sur ce chariot, parmi les ballots de paille, deux femmes. L'une pâle, blanche comme marbre, l'autre arborant une chevelure de feu. Eryndel se mit à voler littéralement : c'est à peine si ses pieds chaussés de cuir souple touchaient encore le sol tandis qu'elle forçait sa course pour rattraper le lent véhicule. Tout en courant, elle dégaina une de ses dague, visa... La tête de Kael était bien visible à présent. Une lame courte fendit les airs en sifflant, et vint frôler la joue de la Necrark en y traçant un fin sillon sanglant. La pâle créature se dressa brusquement, et la Marchombre, à présent à portée de voix, hurla :
"Tu es bien lente à la détente, Kael ! Depuis le temps que nous te courons après, tu n'avais rien remarqué ?"

- A quoi bon lutter contre l'inévitable petite ?! Kael essuya sa joue ensanglantée, sans considération pour le sang écoulé de son hôte.
- Si tu as touché à un seul cheveux de ma mè...
- JE T'ARRACHERAI LA GORGE ET ME DELECTERAI DE TON SANG !!! Tu crois que c'est à moi que tu apprendras ce qu'est la cruauté ?!
L'accès de colère, le fait d'être interrompue, qui plus est par une traduction macabre de sa colère, lui fit presque douter de la légitimité de sa menace.
- Laisse moi repartir avec ma mère et restons en là.
Le sourire qui se dessina sur le visage blanc de l'assassine suffit à Eryndel pour comprendre que Kael n'avait aucune intention d'en rester là.
- Pourquoi t'épargnerai-je ? N'est-ce pas toi à la base qui t'es introduite dans mon tombeau pour y piller je ne sais quel trésor ?
- Je ne voulais faire aucun mal !
- Je suis lassée de notre petit jeu. Il est temps d'en finir.
À cette instant, les derniers rayons du soleil moururent immergés dans un océan infini. La nuit était totale, des ténèbres à perte de vue. La Nécrark s'évanouit dans ce refuge sous les yeux éberlués des deux fermiers.

Eryndel sortit sa dague restante, sa mère lui lançant la seconde récupérée au sol. La Faëlle attendait, sur ses gardes sachant qu'à n'importe quelle seconde Kael pouvait surgir de nul part. Le souvenir de son premier affrontement contre elle lui rappela qu'elle n'avait dû sa survie qu'à un providentiel morceau de poterie runique. Mais cette fois-ci, elle ne pouvait attendre un tel miracle. Cuian sortit cette faux qui lui barrait le dos, formidable arme à deux mains tant raillée par la Dame Blanche, cette fois elle apprendrait à s'en méfier. Le premier coup jaillit du noir mais ne frappa ni Cuian, ni Eryndel, non elle s'en prit à sa mère. La pauvre rouquine réagit aussitôt accourant pour prêter main forte à celle qui l'avait mit au monde. Évidemment ce n'était qu'une manipulation de plus, une dague vola, issue du néant dessinant une estafilade rougeâtre sur le flanc de la marchombre. Surprise, elle trébucha et s'étala de tout son long sur le sol sableux, roula sur elle même pour éviter un coup de grâce et se releva d'une acrobatie souple, sentant l'attaque venir elle lança une estocade qui ne rencontra que l'air vide, un coup de pied latéral frappa violemment le visage d'Eryndel. Elle était incapable de prévoir une quelconque attaque et la panique finit par la submerger, un coup au ventre, une estocade qu'elle n'évita qu'au dernier moment et un coup de genoux aux côtés acheva de la mettre à terre. Elle ne pouvait rien faire face à cet adversaire invisible qui n'avait aucune loyauté dans le combat. Elle n'était pas là pour sa fierté, elle agissait pour tuer et il n'avait donc aucune restriction à s'imposer pour y parvenir.
La lame de Cuian s'abattit à quelques centimètres du visage de la femme aux oreilles pointues. Des gouttes de sang perlèrent sur sa peau, il avait touché Kael, il l'avait vu et pourtant un détail cloché, il avait mal à son côté. Ses yeux perdirent leurs pupilles, comme les... Nécrarks.

Le soleil finissait lentement sa longue agonie, alors que la tension éclatait telle un orage entre Eryndel et Kael. Sous un flot de raillante parole, la Necrark laissait éclater sa rage, et son envie de sanglante de trucider la Faëlle. Et lorsque l'astre céleste fut inhumé dans l'horizon lointain, les ténèbres envahirent la plaine, appelé par la colère de Nezarath. La figure blafarde au regard de haine disparut dans le flot noir, emporté dans une dimension que Cuian ne connaissait que trop bien et qu'il se savait impuissant à la déloger. Son premier réflexe fut alors de dégainer sa faux, et de se placer en position de combat, scrutant les ombres, recherchant la Necrark des yeux. Mais il eu une soudaine pensé pour les deux paysans; ils risquaient leurs vies à rester sur place. Plongeant alors dans l'Imagination, il apparut juste à côté d'eux, leurs arrachant un cris de surprise et de peur.

- Fuyez ! Ne cherchez pas à comprendre, mais fuyez pour votre vie !

Comme pour faire comprendre ses paroles, il fit tomber des sacs de pailles, allégeant la charge tiré par les chevaux. Et les deux fermiers, comprennant l'urgence de la situation, s'enfuirent à tout allure, ésperant échapper au couroux de la blanche dame. Se retournant alors, il vit Eryndel au prise avec Kael, tentant d'échapper à ses assauts surgissant des sombres, dont la violence brisait la Faëlle un peu plus à chaque coup. Elle était littérallement massacré, et malgré ses talents de marchombres, elle semblait désemparé, incapable de trouver une faille pour riposter à son tour.
Cuian dessina alors un vent; un vent s'étendant sur tout la plaine, dans lequel il imprégnait son sens du toucher. Mais à chaque fois qu'il sentait le bras ou le pied de Kael surgir, il n'avait pas le temps d'agir qu'elle frappait et se fondait dans les ombres. Le dessinateur avait beau se concentré, mais il n'était pas assez rapide. De plus, il luttait contre le mal noir qui le rongeait de l'intérieur, et qui lui sussurait des tentations au plus profond de son âme:
Laisse moi échanger avec toi, et je te ferais gagner ce combat ...je t'apporterai les yeux qui te manquent, sans eux tu ne pourras gagner
Mais il ne pouvait faire confiance à cette voix aux traitres mots. Qui c'est quel malheurs pourrait subvenir avec un second Necrark en liberté, dans le corps d'un dessinateur au potentiel destructeur ?
Eryndel va mourir...
La réaction fut foudroyante. Faux levée, il fonça si brusquement en direction de la Faëlle à terre, que sa coiffe décolla de son crâne, révelant un visage blanchâtre, et deux grandes iris sans pupilles. Sa lame fouetta l'espace à côté d'Eryndel, et un éclat rouge vif vain souiller son visage. Horrifié par le retour du Necrark, elle resta dubitative quand au fait qu'il venait de lui sauvé la vie. Mais le sourire à pleine dent de Cuian ne lui inspirait pas confiance.

- Ne t'inquietes pas, c'est le fragment Necrark que j'ai réussi à arracher du poison qui me rongeait. Il y'a quelques effets secondaire, mais cela m'a permit de reprendre cette apparence.
- Tu... Tu arrives donc à voir Kael maintenant ?

Cuian ricana, ce qui ne lui était guère habituel:
- Et bien plus que sa ma petite.

Au loin, il sentait la présence de Kael qui se terrait dans les ombres, encore surprise de la riposte du guerrier.

- Tu sais quoi Ery ? Tu diras à Izeur que la cervelle de piaf a finalement servie de repas à un plus gros oiseau que lui. Quand aux autres qui me connaissent, un simple faire part de décès devrait suffire.

Se tournant alors vers la mère de la marchombre, il rajouta un simple "salut" et disparu.


Dissimulé dans les Spires des ténèbres, elle réflechissait avec rage à la tactique à mettre en place. Apparament, le paysans était maintenant capable de la voir. Attrapant un Témoins, il s'apprêtait à l'éventrer lorsqu'elle sentit une présence derrière elle. Se retournant en position de défense, elle resta interdite en voyant celui qui venait d'apparaitre. Sa peau blanche, ses iris vident, elle en resta figée; le Necrark lâcha sa faux qui tomba contre le sol, et s'avança lentement vers la dame blanche, un sourire bienveillant sur le visage. Elle tendit le bras doucement, et appliqua sa paume contre son torse, comme si elle avait peur d'avoir affaire à une hallucination provenant de ses plus profonds désirs.
Celui-ci attrapa alors ses longs doigts fins, les applicant sur son visage pour lui prouver qu'il était réel. Aucun son ne sortit des lèvres blanches, les mots étant superflue pour exprimer le trouble et la joie de Kael. Une perle translucide coula le long de sa joue maculé de sang, Alors qu'il l'enlaçait tendrement. Elle ferma les yeux, et se blotit dans cet étreinte rassurante, qu'elle avait tant espérée connaitre un jour.

Goutant l'instant surpême, elle n'aperçut pas la dague pointé dans son dos, ni les deux pupilles rouges qui venaient d'apparaitre dans le regard de Cuian...

Quand la belle Necrark passa à l'attaque, Eryndel était prête.
Du moins le croyait-elle... En réalité, elle ne s'attendait pas à devoir se battre en aveugle, et pourtant...
Le soleil fut brusquement occulté par d'épaisses ténèbres mouvantes qui semblaient posséder une vie propre, reflet de la rage haineuse qui obscurcissait l'âme de Kael. La Faëlle dégaina son arme aussitôt que son ennemie disparut, engloutie par l'obcurité impénétrable.
"Eryndel, attrape !" lança sa mère.

Elle n'eut que le temps de tendre la main pour intercepter la dague qu'on lui envoyait. Puis, en position de combat, vaguement consciente du fait que Cuian avait dégainé sa faux, elle demeura attentive au moindre son, dans l'attente du premier coup de Nezerath, le visage tendu par la concentration. Oh douleur !Le premier assaut menaçait la vie de celle qui l'avait mise au monde. La marchombre bondit souplement aux côtés de la faëlle en danger... et tordit le corps pour éviter la lame qui volait vers elle. Pas assez vite,cependant, puisqu'elle sentit du sang couler de son flanc...
Le combat s'était donc engagé, mais chaque fois qu'elle pensait frapper Kael, Eryndel ne sentait que le vide sous ses dagues ; et bien souvent, elle n'esquivait que de justesse les coups mortels de la Dame blanche. Sans son extraordinaire agilité elle serait déjà morte... Affrontement insensé... La jeune femme commençait à désespérer quand Cuian intervint en tentant de localiser la créature grâce au Dessin. Reprenant espoir, elle sourit, redoubla d'ardeur. Hélas pour eux, Kael demeurait insaisissable, les efforts de l'Aline s'avérèrent vains.
Eryndel commença à céder du terrain à la tueuse invisible. Elle avait baissé sa garde, consacrant toute son énergie à éviter l'arme qui jaillissait de mille endroits imprévisibles pour trancher sa vie. Elle se rendit compte que son heure était sans doute venue... C'est alors qu'elle sentit une présence tout près d'elle. Sifflement de l'acier, éclat argenté d'un croissant tranchant dessinant une ligne rubis dans l'ombre ; Cuian venait de toucher Kael - mais était-il encore lui-même ? Sa peau marmoréenne, ses yeux aux iris uniformes et froid firent reculer Eryndel. Mais le pire demeurait le large sourire carnassier du dessinateur.
*Nécrark....*
Elle se sentit perdue.
- Ne t'inquiète pas, c'est le fragment Necrark que j'ai réussi à arracher du poison qui me rongeait. Il y a quelques effets secondaires, mais cela m'a permis de reprendre cette apparence.

Voilà qui expliquait tout. La Faëlle repensa au coup que Cuian avait su porter à Kael. Elle demanda :

- Tu... Tu arrives donc à voir Kael maintenant ?
- Et bien plus que ça ma petite, ricana-t-il.

La rouquine fronça le sourcil. Cette réponse, ce ricanement gouailleur ne correspondaient pas à la personnalité du dessinateur. C'était bien une réaction de Nécrark...
Mais la réplique suivante de son ami la surprit bien plus :

- Tu sais quoi Ery ? Tu diras à Izeur que la cervelle de piaf a finalement servi de repas à un plus gros oiseau que lui. Quant aux autres qui me connaissent, un simple faire-part de décès devrait suffire.

Repas... faire-part de décès... Autant de mots qui sonnaient leglas aux oreille de l'interpellée. Elle comprit tout à coup quelles étaient les intentions du faucheur. Une boule se forma dans sa gorge, l'angoisse lui tordit le ventre.
- Cuian, attends...

Trop tard. Il s'était détourné et, après avec adressé un salut à la mère d'Eryndel, il disparut dans les ombres. La marchombre frémit, échangea un regard avec celle qui l'avait mise au monde, se reprit...

*C'est promis, Cuian... Je transmettrai ton message à Iris.*
Elle s'approcha de sa mère, et toute deux, s'étreignant la main, scrutèrent les ténèbres en silence, attendant la suite des évènements. Après tout, que faire d'autre ? Si Cuian réussissait, elles n'auraient plus qu'à quitter les îles. S'il échouait, la mort s'abattrait sur elles sans qu'elles pussent s'en défendre efficacement.
Eryndel sourit soudain : il n'échouerait pas, elle en était persuadée.

Non il n'échouerait pas, même elle le sut au moment où elle le vit là, dans son monde à elle. Son univers déserté des siens, son paradis de solitude aussi vide que son coeur était mort. Le Nécrark qu'elle avait cru perdre se tenait devant elle, si beau, qu'elle sentit sa rage s'apaisait par sa simple présence, si effrayant, qu'elle réalisa à quelle point elle en était tombée amoureuse... Elle, la dernière assassine d'un peuple sans âme... Amoureuse... Quelle stupidité... Comme c'était bon. Il s'approcha, elle eut peur de lui, tendit sa main, elle ne savait déjà plus si c'était pour le repousser ou pour le toucher, sentir la réalité de son désir le plus fou. Son torse vint se heurter à ses doigts glacials, il ne frémit pas sous son touché, il devina son envie, prit ses mains dans les siennes les accompagna vers son visage de neige, elle lui effleura les joues, caressa à peine son menton, son cou, comme-ci il s'agissait de la chose la plus précieuse et la plus fragile à ses yeux. Son propre amour qu'elle pouvait projeter sur Cuian et s'y abandonner corps et âme. Seul un autre Nécrark pouvait la satisfaire et il était là, il l'avait rejoint, elle l'embrassa, elle lui offrit sa confiance. Pour une fois dans sa vie, elle profita de l'instant présent sans retenue, sans méfiance, elle agissait par amour.

Elle ne vit pas la lame froide sortir du fourreau, ce qu'elle prit pour une étreinte vint se plonger au plus profond de son corps avec violence, elle se tordit sous l'impact d'une douleur innommable, cruelle, sadique. Elle cracha du sang, une dague plantée dans son dos, non, dans son amour, par son amour, à cause de son amour... Elle qui n'avait jamais aimé, elle qui découvrait ce sentiment magique n'en gouta que l'aspect infernal. Elle avait mal, mal d'une souffrance ignoble que seul un cœur brisé en morceaux faisait ressentir. Les larmes de la Déception, celle qui vous transforme pour l'éternité en une incarnation vivante du désespoir, de la déprime de n'avoir jamais était aimée, et de ne jamais l'être. Elle sortit à son tour l'une de ses fidèle lame serpentine et hurla toute sa rage, toute sa tristesse accumulée depuis des siècles de haine contre les autres.
« NE ME TUE PAS AVEC MON AMOUR !!! »
Elle abattit son arme sur le sourire dément d'un Cuian transfiguré, le poignard s'enfonça dans la jugulaire du jeune aline, décrivit un demi cercle, le sang s'écoulait à flot inondant de son horreur un monde qui ne l'était pas moins, heureusement destiné à mourir avec eux. Cuian, le dessinateur aline s'effondra, il perdit sa nature Nécrark et redevint cet enfant courageux, parti venger la mort injuste de ses parents, tués par un vagabond. Avant de mourir il s'en rappela, c'était une femme, à la peau ivoirine, et son regard sans pupille... Sans âme... Kael s'écroula sur lui, découvrit enfin ses yeux qu'il tenait cachés, elle aussi s'en souvenait. Cet enfant qui l'avait vu assassiner ses parents, des fermiers alines, il n'avait pas pleurait non, elle savait qu'un jour il l'a retrouverait pour se venger... Il avait réussit. Elle laissa sa tête éploré reposer sur la poitrine morte et marmonna trois mots qu'elle prononçait pour la première fois.
« Je suis désolée ».

Elle revint sur le sol sableux de l'archipel Aline, Eryndel se redressa aussitôt horrifiée par ce qu'elle voyait. Cuian et Kael étaient morts... La faëlle n'osa à peine exprimer sa crainte.

« Nezerath est à nouveau libre... »

"Nezerath est à nouveau libre..."

Oui, Kael était morte, et son corps sans vie paraissait vulnérable à présent. Dans son visage figé pour l'éternité en une expression triste et désespérée, il n'y avait plus trace de la malignité du Nécrark qui l'avait possédée.
Avec un soupir, Eryndel s'agenouilla et abaissa les paupières de la défunte.
Puis elle se tourna vers feu Cuian, enveloppe de chair sans vie, couverte de sang.
"Je vous jure, déclara-t-elle solennellement, étendant les mains au-dessus des dépouilles, que Nezerath paiera pour le mal qu'il vous a fait.
- Oh, un semblant d'altruisme, ma fille ?
- Hé bien... non, pas vraiment... Je déteste simplement les idiots qui se permettent de contrôler les autres et de leur voler leur liberté. Donc, Nézérath paiera. La liberté est sacrée pour moi."

Sa mère sourit ; elle n'était pas dupe ; Eryndel était plus sensible au sort d'autrui qu'elle voulait bien le montrer. Elle avait changé, bien qu'elle refusât de l'admettre.
"Merci de m'avoir secourue. J'ai bien cru que j'étais perdue.
- C'est Cuian qui a permis ce miracle", soupira la marchombre.

Plus tard, les deux faëlles contemplaient les deux tombes qu'elles avaient creusé pour Kael et Cuian. Leur recueillement était profond. Eryndel surtout pensait à tout ce qu'ils avaient vécu ensemble ces derniers jours, et à toutes les fois où a route avait croisé celle du dessinateur...
Alors, sur leurs tombes, elle marqua cela :
Tourbillon de souvenirs
Confidences, désaccords et entraide
Amitié


Puis elle se détourna. Il était temps de quitter cet endroit...
"Vas-tu revenir avec moi chez les nôtres, Eryn ?
- Non. Désolée,ma route est différente de celle des Faëls, à présent.
- Je savais que tu dirais cela... soupira sa mère. Ne peux-tu vraiment...?"

C'est alors qu'Eryndel hoqueta, prise d'un spasme douloureux.
*Tu croyais avoir gagné, hein ?*
"Nézérath. Imbécile. Je suis une marchombre.
*Et alors ? Bientôt tu ne seras plus rien, que ma nouvelle incarnation* ricana la voix dans sa tête.
- Je ne crois pas, non."
Une lutte mentale s'engagea. La mère d'Eryndel cria quelque chose, mais sa voix paraissait lointaine à sa fille en train de combattre l'intrusion du Nécrark désincarné...

Nezerath déboula dans l'esprit d'Eryndel comme une avalanche de rage qui fit palpiter son cœur paniqué. L'esprit défunt écrasé de sa présence l'âme vivante de la faëlle. Elle voulut hurler la colère étrangère à son propre vécut, l'exorciser. Mais elle savait que succomber à cette tentation était la signature d'un contrat diabolique dont son intégrité servirait d'encre. Elle résista, elle s'opposa, elle le repoussa. Alors il s'y prit autrement. Ses yeux furent éblouis d'images qu'elle ignorait connaître. Elle sentait l'emprise tyrannique sur son être, Nezerath utilisait son système mental pour lui insuffler des souvenirs, des émotions qui lui appartenaient. La capacité d'empathie du fantôme lui fit ressentir une terrible tristesse issue d'un passé millénaire. Elle vit pour la première fois Nezerath tel qu'il était de son vivant.
Un bel homme, musclé, aristocrate, arrogant dont le cœur était déjà consumé par les assassinats qu'exigeait sa profession de conseiller du roi Nécrark. Il était mauvais, certes, mais loyal à son peuple, hors il avait était trahit. Il tomba à genoux devant sa majesté, un homme impitoyable, il suppliait de le croire et le roi le gifla. Les larmes de Nezerath vinrent aux yeux d'Eryndel. C'était horrible, tant de sacrifices personnels pour finalement être rejeté, être condamné à l'exil. Des flashs rapides inondèrent sa vision pour finalement se stopper brusquement. Kael était là , ainsi que Cuian et elle même d'ailleurs. C'était dans la grotte de glace où ils avaient rencontré une peuplade naine très ingénieuse. Eryndel exigea de la Nécrark de ne pouvoir se défendre et l'un des nains frappa Kael. Elle ne pouvait rien faire et le sentiment d'impuissance qui assaillit l'esprit de la faëlle possédée lui brisa le moral. Ses mains et ses jambes étaient glacées, la transformation débutait. Nezerath s'immisçait en son fort. Flou du temps qui passe, arrêt. Cuian se tenait devant la Kael, Tous deux formait un couple Nécrark protégeait par les Spires de Ténèbres. Ils s'étreignirent et le dessinateur aline sortit une dague de ses vêtements.
- Cuina NON !
Eryndel courut, les amants semblaient s'éloigner d'elle, ce n'était qu'un souvenir, elle ne pouvait pas intervenir. Et Cuian planta la lame.
- NON ! Cuian NON !!! Tu n'as pas le droit de la tuer avec son amour !!!
Pourquoi réagissait-elle ainsi ? Kael l'avait tant fait souffrir et pourtant... Elle compatissait. Son cœur cessa de battre, le froid de la mort envahissait son corps. Nezerath avait réussit, la métamorphose s'achevait.
- Non... Non c'est aberrant. Tu n'es pas qu'à plaindre. Tu as fait du mal Nezerath, tu n'es pas qu'une VICTIME !
Si la meilleur arme de l'assassin était de connaître sa victime pour avoir vécut avec ces derniers jours, Eryndel en savait autant sur lui. La marchombre lui envoya un déluge de souvenirs mentales cruels, de meurtres, les visages de ses victimes, les parents de Cuian, le portrait exsangue de l'aline. La métamorphose s'arrêta, la chaleur regagnait ses membres, elle avait blessé Nezerath. Quand elle ouvrit les yeux, Kael était devant elle. La Nécrark pleurait.
- Je l'aimais... Vraiment... Et je l'ai tué ! Je l'ai forcé à ME tuer !
Eryndel s'agenouilla, enlaça la Dame Blanche une dernière fois te lui chuchoter ces mots :
- Ça va aller Kael... Pleure, ne retiens plus tes larmes.
Ele reprit soudain ses esprits, maître d'elle même, elle avit dominé Nezerath. Un voile irréel planait devant elle.
- Eryndel ? Ma chérie tout va bien ?
- Nezerath non ! NON ! Pas ma mère !
La brume verdâtre s'engouffra dans la bouche de la vieille faëlle qui s'évanouit aussitôt.
- Maman, maman répond moi !
Elle ouvrit les paupières closes... Les pupilles avaient disparu.

[Certaint passage sont si dramatique que je vais pleurer ne me demandez pas lesquels]

[Mdr merci Cuian c'est gentil de ta part la fin approche et crois moi Eryndel et moi on va pas hésité sur la corde sensible pour finir ça en beauté. Mais je te promet enfin je vous promet à Erynde également que la surprise que je vous réserve à la fin va remettre un sourire sur vos lèvres.]

[Toujours aussi doué, Kael ^^]

[Lol holala c'est très gentil merci :-) Mais j'ai de bons partenaires aussi]

[Quand tu dis sourire aux lèvres.... j'hésite entre émue d'émotion et donc le paquet de mouchoir triple épaisseur, ou comédie à la molière, et dans ce cas le necessaire de survis pour ne pas mourir de rire ]